martes, 30 de diciembre de 2025

Fragmentos de un discurso amoroso ("Fragments d'un discours amoureux"), de Roland Barthes

De Barthes ya había leído sus Mitologias. Me encantó: un libro super-original e ingenioso, muy recomendable de leer. Este que ahora comento es muy similar, aunque creo que mejor por ser más sútil e iluminador. Barthes analiza lo que el llama "figuras" relacionadas con el amor, que son más o menos los estados con que uno se encuentra durante esa circunstancia. Puesto que "Aucune logique ne lie les figures, ne détermine leur contiguïté : les figures sont hors syntagme, hors récit", Barthes nos las presentará por estricto orden alfabético, empezando por la Ausencia y terminado por "Vouloir-saisir". 

En el análisis que nos presenta de cada una de las figuras, son fundamentales las referencias, tanto literarias, como de su propia experiencia o de la de sus conocidos. Todas ellas aparecen debidamente citadas, y la principal es Werther, cómo no, aunque también hay muchas citas de Proust, Balzac, Freud o Socrates.

Muchos de los capítulos son deliciosos, y en casi todos encontrará el lector algo de satisfacción. No obstante, es una lectura cansada, pues no hay relación entre cada capítulo. Es como leer descripciones de cuadros una tras otra: por muy bien escritas que estén, uno se cansa relativamente rápido. Por destacar un par de ellos, me quedaría con el de "Je t'aime" y el de la inducción: "L’être aimé est désiré parce qu’un autre ou d’autres ont montré au sujet qu’il est désirable : tout spécial qu’il soit, le désir amoureux se découvre par induction.", "Pour te montrer là où est ton désir, il suffit de te l’interdire un peu (s’il est vrai qu’il n’y a pas de désir sans interdit).".

Del primero también tengo extractos, más largos:

"Je- t- aime est actif. Il s’affirme comme force - contre d’autres forces. Lesquelles ? Mille forces du monde, qui sont, toutes, forces dépréciatives (la science, la doxa, la réalité, la raison, etc.). Ou encore : contre la langue."

"Celui qui ne dit pas je- t- aime (entre les lèvres duquel je- t- aime ne veut pas passer) est condamné à émettre les signes multiples, incertains, douteurs, avares, de l’amour, ses indices, ses « preuves » : gestes, regards, soupirs, allusions, ellipses : il doit se laisser interpréter ; il est dominé par l’instance réactive des signes d’amour, aliéné au monde servile du langage en ce qu’il ne dit pas tout"

Las reflexiones de Barthes nos ayudan a comprender mejor nuestros sentimientos amorosos, y a ver que aquello que sufrimos y nos parece insoportable (algo que toca a todos los enamorados) no es algo exclusivo nuestro, a todo el mundo le toca pasar por cosas similares. Personalmente, me he visto reflejado en muchas de las disecciones que hace.

Por ejemplo, en esta bastante procaz, aunque muy atemperada por la elegancia de Barthes: "au milieu de cette étreinte enfantine, le génital vient immanquablement à surgir ; il coupe la sensualité diffuse de l’étreinte incestueuse ; la logique du désir se met en marche, le vouloir- saisir revient, l’adulte se surimprime à l’enfant."

Otras son menos edificantes, pero están igualmente bien descritas: 

"Imaginant une solution douloureuse (renoncer, partir, etc.), je fais retentir en moi le fantasme exalté de l’issue ; une gloire d’abnégation m’envahit (renoncer à l’amour, non à l’amitié, etc.) et j’oublie aussitôt ce qu’il faudrait alors sacrifier : tout simplement ma folie - qui, par statut, ne peut se constituer en objet de sacrifice"

"
Car, dans le même temps où je m’identifie « sincèrement » au malheur de l’autre, ce que je lis dans ce malheur, c’est qu’il a lieu sans moi, et qu’en étant malheureux par lui- même, l’autre m’abandonne : s’il souffre sans que j’en sois la cause, c’est que je ne compte pas pour lui : sa souffrance m’annule dans la mesure où elle le constitue hors de moi- même."

"
il faut que cacher se voie : sachez que je suis en train de vous cacher quelque chose, tel est le paradoxe actif que je dois résoudre : il faut en même temps que ça se sache et que ça ne se sache pas : que l’on sache que je ne veux pas le montrer: je veux être à la fois pitoyable et admirable, je veux être dans le même moment enfant et adulte."

Aparte de las reflexiones propiamente sobre el amor, tenemos otras más generales e incluso análisis etimológicos sorprendentes (el de religión como ligazón lo desconocia, pero, si uno se fija, religión-religar). Por ejemplo, sobre el sufrimiento por la ausencia: "Cette absence bien supportée, elle n’est rien d’autre que l’oubli. Je suis, par intermittence, infidèle. C’est la condition de ma survie ; car, si je n’oubliais pas, je mourrais."

En una línea similar, sobre los recuerdos: "je me souviens pathétiquement, ponctuellement, et non philosophiquement, discursivement : je me souviens pour être malheureux/ heureux - non pour comprendre."

Y esta sobre los regalos es genial, aunque un poco deprimente: "Le cadeau n’est pas forcément une ordure, mais il a tout de même vocation au déchet : le cadeau que je reçois, je ne sais qu’en faire, il ne s’ajuste pas à mon espace, il encombre, il est de trop"

Finalmente, recojo una sobre el teléfono, tanto por el objeto como recordarme a sus Mitologías: "le fil du téléphone n’est pas un bon objet transitionnel, ce n’est pas une ficelle inerte ; il est chargé d’un sens, qui n’est pas celui de la jonction, mais celui de la distance : voix aimée, fatiguée, entendue au téléphone: c’est le fading dans toute son angoisse."

En suma, se trata de un libro para leer pausadamente, tratando de pillar todos los matices y haciendo introspección para ver hasta que punto Barthes es preciso en la descripción de sentimientos comunes. Como además está muy bien escrito, queda tan recomendado como el primer que leí del autor.

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